Publié le: 3 juillet 2020

Une attitude raisonnable

NON AU CONGÉ PATERNITÉ – La Suisse connaĂźt sa pire rĂ©cession depuis 1975 et le congĂ© paternitĂ© payĂ© n’est juste plus abordable dans l’état actuel des finances.

La crise sanitaire a mis en danger notre santĂ© et cause des dommages massifs Ă  l’économie. La production a fortement diminuĂ©, le chĂŽmage partiel est bien rĂ©el, les chiffres du chĂŽmage ont grimpĂ© et la montagne de dettes publiques aussi. Un retour rapide Ă  la trajectoire de croissance prĂ©cĂ©dente semble utopique.

Une expansion irresponsable

Dans cet environnement extrĂȘmement difficile, il n’est pas possible de dĂ©velopper l’Etat-providence et d’introduire de nouveaux rĂ©gimes sociaux comme le congĂ© paternitĂ© payĂ©. Le maintien du niveau actuel des prestations et la rĂ©forme des assurances sociales endettĂ©es exigeront de nous de grands sacrifices. Introduire un nouveau systĂšme de sĂ©curitĂ© sociale serait irresponsable.

Un congĂ© paternitĂ© de deux semaines coĂ»terait 224 millions de francs. Mais attention: il ne s’agit lĂ  que des coĂ»ts supplĂ©mentaires directs. Une Ă©tude de la ConfĂ©dĂ©ration montre que les coĂ»ts indirects des jours de congĂ© supplĂ©mentaires sont deux Ă  quatre fois plus Ă©levĂ©s que les contributions directes au rĂ©gime de remplacement du revenu. Il s’agit donc de facto d’un projet qui peut coĂ»ter jusqu’à un milliard de francs.

Encore un milliard?

C’est beaucoup d’argent! Mais ce n’est pas le principal problĂšme des PME. Plus graves encore, les absences supplĂ©mentaires qui entraĂźneraient un congĂ© de paternitĂ© imposĂ© par l’Etat. Les PME ont des budgets serrĂ©s. Les remplacements sont difficiles. Toute absence d’un employĂ© entraĂźne des difficultĂ©s organisationnelles, restreint la production, rĂ©duit la productivitĂ© et entraĂźne des coĂ»ts d’opportunitĂ© Ă©levĂ©s.

CongĂ©s: c’est dĂ©jĂ  gĂ©nĂ©reux!

Le congĂ© de paternitĂ© est un sujet classique pour un partenariat social dynamique. De nombreux contrats de travail individuels et collectifs contiennent des dispositions gĂ©nĂ©reuses en matiĂšre de congĂ©s. Les rĂ©glementations spĂ©cifiques aux entreprises et aux secteurs d’activitĂ© sont clairement prĂ©fĂ©rables aux exigences lĂ©gales. Les syndicats doivent aussi le voir de cette façon. AprĂšs tout, pourquoi les partenaires sociaux auraient-ils encore besoin d’eux si tout est prĂ©vu au niveau constitutionnel ou lĂ©gislatif?

Assouplir les horaires

Aujourd’hui, de nombreux jeunes pĂšres veulent s’occuper plus activement de leurs enfants. C’est une bonne chose. Mais cela ne nĂ©cessite pas de congĂ© de paternitĂ©, dont l’effet s’estompe de toute façon rapidement. Ce qu’il faut, ce sont plutĂŽt des instruments ayant un effet durable. Ce qui existe. Les jeunes pĂšres et les familles d’aujourd’hui disposent d’un large Ă©ventail de possibilitĂ©s pour s’occuper de leurs enfants. L’assouplissement du lieu et des horaires de travail est la clĂ© pour concilier famille et carriĂšre. Le Conseil fĂ©dĂ©ral refuse un congĂ© de paternitĂ© de quatre semaines et de deux semaines. Il estime qu’il existe des instruments plus efficaces et plus ciblĂ©s pour soutenir les familles.

Certains Etats ont une politique familiale plus gĂ©nĂ©reuse que la Suisse. Mais ils en paient le prix: charge fiscale massive, Ă©norme dette nationale, chĂŽmage Ă©levĂ©, manque de perspectives pour les jeunes et faible niveau de prospĂ©ritĂ©. Cela ne peut pas ĂȘtre une voie pour la Suisse. Un NON au congĂ© de paternitĂ© imposĂ© par l’Etat se justifie.

Kurt Gfeller, usam

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