Publié le: 15 mai 2020

Encore une fois, juste une question d’argent!

aide aux mĂ©dias – Avec le nouveau «paquet de mesures», le Conseil fĂ©dĂ©ral vise une promotion indirecte de la presse et un soutien financier direct aux mĂ©dias en ligne. Le fondement constitutionnel de cette mesure est discutable.

L’histoire de la politique des mĂ©dias est un chapitre plus riche. AprĂšs la rĂ©vision de la loi sur la radio et la tĂ©lĂ©vision (LRTV), Ă  laquelle l’usam Ă©tait opposĂ©e et qui gĂ©nĂ©ralise un impĂŽt sur les mĂ©dias pour tous. AprĂšs l’accident que constitue la loi fĂ©dĂ©rale sur les mĂ©dias Ă©lectroniques, que le Conseil fĂ©dĂ©ral a dĂ©jĂ  enterrĂ©e lors de la consultation aprĂšs des critiques cinglantes. Voici donc venir le message sur le «paquet de mesures en faveur des mĂ©dias». Encore une fois, tout est question d’argent.

Les mĂ©dias sont des objets d’étude populaires. Mais on arrive toujours au mĂȘme rĂ©sultat: le rapport de l’OFCOM sur les perspectives des mĂ©dias, intitulĂ© «Evaluations des dĂ©veloppements futurs du paysage mĂ©diatique suisse», arrive Ă  la conclusion que le nombre de mĂ©dias tend Ă  diminuer, alors que dans le secteur en ligne, le nombre d’entreprises de mĂ©dias et d’offres d’informations journalistiques devrait augmenter. Cependant, l’évaluation des acteurs de la branche interrogĂ©s met en Ă©vidence une baisse de la qualitĂ© explosive. Dans aucun sous-secteur (presse Ă©crite, tĂ©lĂ©vision, radio, Internet), une majoritĂ© ne s’attend Ă  ce que la qualitĂ© augmente.

«Dans les mĂ©dias en ligne en particulier, souligne le rapport de l’OFCOM, on s’attend Ă  une chute de la qualitĂ© au cours des cinq prochaines annĂ©es. Dans les radios Ă©galement. En revanche, les sondĂ©s dans la presse, la tĂ©lĂ©vision et les autres secteurs s’attendent plutĂŽt Ă  un dĂ©clin ou Ă  une stagnation.»

Une vraie question urgente

La rĂ©ponse du Conseil fĂ©dĂ©ral Ă  cette Ă©valuation pessimiste de la situation est simple: il faudrait plus d’argent. Le Conseil fĂ©dĂ©ral veut dĂ©velopper la promotion indirecte de la presse, subventionner directement les mĂ©dias en ligne et prendre d’autres mesures de promotion des mĂ©dias. Afin de maintenir la fameuse diversitĂ© de la presse, les subventions indirectes Ă  la presse doivent ĂȘtre Ă©tendues Ă  tous les journaux quotidiens et hebdomadaires abonnĂ©s. La limite de circulation actuelle de 40 000 exemplaires serait abolie. Les titres nationaux comme la NZZ ou le «Tages-Anzeiger» pourraient Ă©galement bĂ©nĂ©ficier de ce soutien.

30 millions pour le online

Les journaux qui appartiennent Ă  un groupe dit «headline» avec un tirage total de plus de 100 000 exemplaires par numĂ©ro en moyenne bĂ©nĂ©fi­cieront aussi de cette aide. A l’avenir, environ 35 millions d’exemplaires de journaux supplĂ©mentaires par an bĂ©nĂ©ficieront de subventions indirectes Ă  la presse.

La contribution fédérale sera portée de 30 à 50 millions de francs. Le Conseil fédéral veut mainte­nant aussi promouvoir les médias en ligne. A cette fin, elle entend mettre à disposition 30 millions par an en fonds fédéraux généraux. Un soutien sera accordé aux médias en ligne qui peuvent compter sur les revenus de leurs lecteurs. Les services à vocation régionale devraient en bénéficier davantage.

«il n’existe pas de baseconstitutionnelle pour l’aide au secteur online »

Par «autres mesures», le Conseil fĂ©dĂ©ral entend Ă©galement le soutien direct aux agences de presse comme Keystone-ATS et aux Ă©tablissements d’enseignement et de formation tels que le MAZ Ă  Lucerne.

Constitution: contestable!

DĂ©jĂ  lors de la discussion sur l’introduction de l’impĂŽt sur les mĂ©dias, l’usam s’est plainte de l’absence d’un examen plus approfondi des compĂ©tences et de la base constitutionnelle: choses nĂ©cessaires et indispensables. A l’époque, le Conseil fĂ©dĂ©ral se raccrochait Ă  l’opinion d’experts selon laquelle la taxe sur les mĂ©dias relevait d’un prĂ©lĂšvement spĂ©cial ne nĂ©cessitant pas de base constitutionnelle explicite.

Aujourd’hui, le voilĂ  qui applique la mĂȘme stratĂ©gie. L’art. 93 de la Constitution fĂ©dĂ©rale prĂ©voit une compĂ©tence de rĂ©gulation en faveur de la ConfĂ©dĂ©ration pour «la radio et la tĂ©lĂ©vision, ainsi que les autres formes de diffusion publique des tĂ©lĂ©communications».

Or voici un point important: il n’est absolument pas question ici du secteur online. Il serait souhaitable de crĂ©er d’abord la base constitutionnelle correspondante avant de crĂ©er de nouveaux Ă©lĂ©ments de financement au niveau lĂ©gislatif (lire en complĂ©ment Ă  ce sujet p. 14).

Dieter KlÀy, usam

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